Bitcoin : Pourquoi les géants de la finance ne sont pas tous convaincus ?
- Joshua Hepner

- 2 mai
- 4 min de lecture

Dans un monde financier en constante évolution, le Bitcoin continue de diviser les plus grandes institutions bancaires mondiales.
Trois géants - Goldman Sachs, Allianz et BlackRock - investissent massivement dans cette cryptomonnaie, la considérant comme l'avenir de la finance.
À l'opposé, trois autres institutions majeures - Crédit Agricole, JP Morgan et BNP Paribas - maintiennent des positions sceptiques voire hostiles.
Cet article explore ces positions contrastées et ce qu'elles révèlent sur l'avenir potentiel de cette monnaie numérique controversée.
Goldman Sachs : Une conversion progressive mais déterminée
La banque d'investissement américaine Goldman Sachs a considérablement augmenté son exposition au Bitcoin début 2025, avec des investissements atteignant environ 2,05 milliards de dollars dans différents ETF Bitcoin.
Cette augmentation de près de 90% de son exposition en un seul trimestre témoigne d'un changement radical de stratégie.
Goldman Sachs considère désormais le Bitcoin comme un actif de réserve légitime, notamment comme couverture contre l'inflation et en réponse à l'intérêt croissant de ses clients institutionnels. (Forbes)
Allianz : Le géant de l'assurance s'engage massivement
Allianz, le deuxième plus grand assureur européen, a réalisé fin 2024 un investissement stratégique majeur dans le Bitcoin, démontrant sa confiance grandissante dans cette classe d'actifs.
Le géant allemand a acquis près de 25% des obligations convertibles de MicroStrategy (rebaptisée Strategy) d'une valeur de 2,6 milliards de dollars, destinées à l'achat de Bitcoin.
Cette participation significative témoigne d'un changement radical dans la position d'Allianz, qui cherche désormais à s'exposer au marché des cryptomonnaies de manière indirecte mais substantielle.
En investissant dans les obligations de la plus grande entreprise détentrice de Bitcoin au monde, Allianz obtient une exposition au marché des cryptomonnaies tout en limitant les défis opérationnels liés à la détention directe.
La décision d'Allianz est d'autant plus remarquable qu'elle provient d'une institution européenne traditionnellement conservative.
Ce positionnement stratégique semble indiquer que le géant de l'assurance considère désormais le Bitcoin comme un actif capable de générer des rendements attractifs et potentiellement de servir de couverture contre l'inflation dans un environnement économique incertain. Cointelegraph
BlackRock : Le géant de la gestion d'actifs légitimise le Bitcoin
BlackRock, gérant près de 10 000 milliards de dollars d'actifs, détient désormais environ 572 000 bitcoins représentant plus de 56,8 milliards de dollars.
Son ETF Bitcoin (IBIT) domine le marché avec 50,4% de parts.
Larry Fink, PDG de BlackRock, autrefois critique du Bitcoin, recommande maintenant une allocation de 1% à 2% en Bitcoin dans les portefeuilles d'investissement traditionnels.
Cette évolution a considérablement contribué à légitimer cette cryptomonnaie aux yeux d'investisseurs institutionnels plus conservateurs. (USFunds)
Crédit Agricole : La vision apocalyptique de Philippe Brassac
En contraste saisissant, Philippe Brassac, directeur général du Crédit Agricole, maintient une position extrêmement critique. Dès 2021, il prédisait un effondrement du Bitcoin sous la barre d'un dollar d'ici avril 2025. (Un vrai visionnaire !)
Brassac a qualifié l'engouement pour le Bitcoin de "cécité collective", affirmant que sa valeur n'a "jamais existé dans l'économie réelle". Il s'interrogeait :
"Comment tant de personnes informées, sensées et éduquées ont pu se convaincre que la valeur du bitcoin ne pouvait que monter dès lors que le moindre doute provoquerait inéluctablement une prophétie autoréalisatrice inverse ?" (L'Opinion)
JP Morgan : L'ambivalence calculée de Jamie Dimon
JP Morgan présente la position la plus ambivalente. Son PDG Jamie Dimon reste l'un des critiques les plus virulents du Bitcoin, le qualifiant de "schéma de Ponzi" et d'"actif inutile comme un caillou décoratif".
Pourtant, la banque détient près d'un million de dollars en ETF Bitcoin et Ethereum.
Les analystes de JP Morgan prévoient même que la domination du Bitcoin se maintiendra autour de 55% jusqu'en 2025.
Ce contraste illustre parfaitement la complexité de l'adoption institutionnelle : critiquer publiquement la spéculation tout en se positionnant stratégiquement sur le marché. (Yahoo Finance)
BNP Paribas : Une méfiance qui s'érode progressivement
BNP Paribas a longtemps maintenu une position de méfiance vis-à-vis du Bitcoin. Cependant, en mai 2024, la banque a acquis 1 030 parts de l'ETF Bitcoin de BlackRock, pour environ 41 684 dollars.
Bien que cet investissement soit symbolique par rapport à ses 600 milliards d'actifs gérés, il marque un changement notable dans son approche.
Cette position prudente reflète la stratégie de nombreuses institutions européennes qui commencent à explorer le potentiel du Bitcoin tout en restant extrêmement méfiantes. (Decrypt)
Vers où va l'acceptation du Bitcoin ?
L'analyse de ces six institutions révèle un paysage financier en mutation.
Les institutions américaines comme Goldman Sachs, BlackRock et MicroStrategy adoptent rapidement le Bitcoin, tandis que les banques européennes comme le Crédit Agricole maintiennent une opposition ferme ou, comme BNP Paribas, adoptent des positions plus nuancées.
Cette divergence s'explique par des environnements réglementaires et culturels différents, mais aussi par des visions opposées de l'avenir monétaire : protection contre l'inflation pour certains, spéculation dangereuse pour d'autres.
Malgré ces divergences, la tendance pointe vers une acceptation progressive du Bitcoin dans le système financier traditionnel.
L'arrivée des ETF, la participation croissante d'investisseurs institutionnels et l'émergence d'une infrastructure de marché plus mature contribuent à normaliser cette classe d'actifs autrefois marginale.
À mesure que le Bitcoin gagne en légitimité, même les institutions les plus réticentes pourraient être contraintes de reconsidérer leur position, transformant profondément le paysage financier du 21e siècle.



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