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RTFKT : L'ascension et la chute du rêve digital de Nike



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Dans un monde où les frontières entre le réel et le virtuel deviennent de plus en plus floues, RTFKT s’était imposé comme un acteur clé de la mode numérique.


Fondé en 2020 par trois créateurs – Benoit Pagotto, Steven Vasilev et Chris Le – ce studio avait très vite attiré l’attention de Nike. En décembre 2021, le géant du sport rachète RTFKT pour un montant estimé à plus d’un milliard de dollars.


RTFKT (prononcer "artifact") voulait réinventer la culture sneaker en créant des baskets 100 % numériques, vendues sous forme de NFT.

Grâce à des technologies comme la blockchain, les moteurs de jeux vidéo et la réalité augmentée, le studio a bâti un tout nouvel univers où les sneakers virtuelles pouvaient se vendre pour des milliers de dollars.

Mais après quelques années d’euphorie, tout s’est effondré fin 2024.


Certains de ces NFT, qui valaient autrefois plusieurs centaines de milliers de dollars, ne valent aujourd’hui plus que quelques centaines. Essayons de comprendre ce qu’il s’est passé.


Des débuts prometteurs : la révolution des sneakers numériques


RTFKT frappe fort dès février 2021 avec une collaboration avec l’artiste digital FEWOCiOUS.

Leur collection de sneakers virtuelles se vend pour 3,1 millions de dollars en seulement 7 minutes. Chaque NFT représentait une paire de baskets au design futuriste et coloré, uniquement disponible en version numérique.


RTFKT se distingue alors par son approche "phygitale", c’est-à-dire la combinaison entre objets physiques et objets numériques.

En clair, acheter un NFT pouvait donner droit à une vraie paire de baskets ou à des contenus digitaux exclusifs.

Ce concept attire une nouvelle génération de collectionneurs, connectés et attirés par les expériences immersives. Nike ne tarde pas à s’y intéresser.


Clone X : un projet phare dans le monde des NFT


En novembre 2021, RTFKT lance Clone X, son projet le plus ambitieux. En partenariat avec le célèbre artiste japonais Takashi Murakami, le studio crée 20 000 avatars NFT au look très stylisé.

Ces avatars ne sont pas de simples images : ce sont des personnages 3D que les détenteurs peuvent utiliser dans différents univers virtuels, les métavers.


RTFKT pousse aussi la narration : les avatars viendraient d’une planète appelée Orbitar, dans la constellation du Dragon. Cette richesse de contenu renforce l’engagement de la communauté.

Très vite, Clone X devient l’un des projets NFT les plus en vogue. Certains avatars rares s’échangent à plus de 100 000 dollars.


L’acquisition par Nike : une entrée remarquée dans le Web3


Le 13 décembre 2021, Nike annonce officiellement le rachat de RTFKT.

Cette opération, estimée à plus d’un milliard de dollars, marque l’arrivée du groupe dans l’univers des NFT, du Web3 et du métavers.


"Cette acquisition accélère notre transformation numérique et nous permet d’innover à l’intersection du sport, de la créativité, du jeu vidéo et de la culture", déclare alors John Donahoe, PDG de Nike.


CryptoKicks : les premières baskets NFT de Nike


En avril 2022, Nike et RTFKT dévoilent leur premier projet commun : les Nike Dunk Genesis CryptoKicks. Ces NFT représentent une version futuriste de la célèbre Nike Dunk, comme si elle venait de 2052.


Chaque paire peut être personnalisée avec des "Skin Vials", des NFT qui modifient l’apparence de la basket virtuelle. Une de ces vials, imaginée par Murakami, s’est vendue pour 134 000 dollars.


Plus tard, RTFKT lance aussi les Cryptokicks IRL : des baskets physiques équipées de puces NFC, connectées à leur version numérique.

Encore une fois, l’idée est de lier le monde réel et virtuel pour créer un produit unique.


Le marché ralentit : les premiers signes d’essoufflement


À partir de 2023, l’enthousiasme pour les NFT commence à faiblir. Les prix chutent, les volumes d’échanges aussi. Même les collections de RTFKT sont touchées.


Des problèmes techniques apparaissent : des acheteurs se plaignent de difficultés à recevoir les versions physiques promises ou à télécharger les fichiers 3D associés.


En mars 2025, Samuel Cardillo, directeur technique de RTFKT, écrit sur Twitter : "Je suis conscient des problèmes de téléchargement des fichiers Clone X 3D V1. Aucune correction n’est prévue car ces fichiers sont désormais obsolètes."


Décembre 2024 : Nike annonce la fermeture de RTFKT


Le 2 décembre 2024, Nike annonce la fin de RTFKT.

L’information fait l’effet d’un choc dans la communauté. Le studio NFT sera officiellement fermé fin janvier 2025, après une dernière sortie appelée "Blade Drop".


Cette annonce entraîne une chute brutale de la valeur des NFT de la marque. Certains tokens, autrefois échangés pour plusieurs milliers de dollars, ne valent plus rien.


Samuel Cardillo reste le dernier développeur de RTFKT après cette décision. Il explique sur X en février 2025 : "Je suis le seul développeur encore en poste, je maintiens l’infrastructure, je décentralise les actifs et je continue à soutenir la communauté."


Procès et panne : la chute se poursuit


Très vite, Nike fait face à un recours collectif de 5 millions de dollars, accusé d’avoir abandonné le projet sans prévenir, ce qu’on appelle dans le monde crypto un "rug pull".


Et en avril 2025, nouvelle crise : les images de nombreux NFT Clone X disparaissent à cause d’un problème technique. Cardillo explique qu’un contrat Cloudflare a expiré prématurément. Mais cela ajoute encore plus d’inquiétude chez les détenteurs.


🔍 Mais comment des NFT protégés par la blockchain ont-ils pu “disparaître” ?


C’est une question fréquente. En réalité, la blockchain ne contient pas l’image elle-même du NFT, mais uniquement le jeton numérique, avec un lien vers là où le fichier est hébergé.


Si le serveur ou le service qui héberge le fichier n’est plus actif (comme ce fut le cas avec Cloudflare), l’image devient inaccessible – même si le NFT, lui, est toujours présent sur la blockchain.

C’est pourquoi RTFKT a ensuite lancé la décentralisation des fichiers vers ArWeave, un système de stockage permanent, pour éviter que cela ne se reproduise.


La fin d’une aventure : le départ de Cardillo


Le 30 avril 2025, Samuel Cardillo annonce son départ définitif de RTFKT : "Aujourd’hui, je quitte officiellement mon poste de responsable technique. Je resterai disponible en tant que consultant pour Nike si besoin."


Il était le dernier à faire vivre le projet. Maintenant, les NFT Clone X et Animus sont en train d’être transférés vers la blockchain ArWeave pour les rendre vraiment décentralisés.

Mais beaucoup doutent de la suite. Que va-t-il advenir de cette communauté, de ces actifs numériques, et de l’univers RTFKT une fois l’équipe partie ?


Ce qu’il faut retenir


L’histoire de RTFKT est à la fois brillante et brutale.

Elle symbolise parfaitement l’ère des NFT : un départ fulgurant, une adoption massive, puis une chute rapide face à la réalité du marché.

Entre innovation, spéculation et déception, RTFKT restera un exemple marquant de la tentative de fusion entre la culture sneaker et les nouvelles technologies.


Une technologie arrivée trop tôt ? Une mauvaise exécution ? Ou simplement un changement de cycle ? Seul l’avenir nous le dira.

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