Crypto et criminalité : ce qu’Europol recommande pour protéger le secteur
- Joshua Hepner

- 4 nov.
- 3 min de lecture

La semaine dernière, la 9ᵉ Conférence mondiale sur les finances criminelles et les crypto-actifs s’est tenue, rassemblant des acteurs publics et privés du monde entier.
Pour Europol, l’agence européenne de police, l’événement a été l’occasion de rappeler un fait crucial : le secteur des crypto-actifs n’est plus un terrain d’innovation uniquement, mais aussi un champ d’action croissant pour des activités criminelles.
Le développement des crypto-actifs : opportunités… et risques
Les crypto-actifs se démocratisent rapidement : entreprises, banques, start-ups et investisseurs individuels s’y intéressent de plus en plus.
Cette adoption élargie ouvre des opportunités d’innovation financière, mais s’accompagne aussi de risques croissants.
En parallèle, des réseaux criminels commencent à s’approprier ces technologies afin de profiter de l’écosystème, tandis que les méthodes d’enquête doivent constamment évoluer pour suivre leur sophistication.
La frontière entre usages légitimes et activités illégales devient ainsi de plus en plus difficile à distinguer. Pour Europol, ce phénomène n’est plus marginal : il représente désormais un enjeu mondial et une priorité dans la lutte contre la criminalité financière.
(Europol)
Un usage criminel qui évolue
Autrefois, les criminels utilisaient essentiellement le Bitcoin pour déplacer de l’argent de façon relativement simple. Aujourd’hui, leurs méthodes sont beaucoup plus sophistiquées :
recours à des « mixers » (services mélangeant des fonds pour en cacher l’origine),
utilisation de « bridges », donc des ponts entre blockchains pour déplacer de la valeur d’une chaîne à une autre,
exploitation des plateformes DeFi (finance décentralisée) pour échanger rapidement des actifs,
empilement de plusieurs couches de transactions afin de brouiller les pistes.
Le but : rendre les enquêtes plus complexes, ralentir ou bloquer la remontée des flux criminels.
Ce qui inquiète Europol
Europol alerte sur plusieurs évolutions particulièrement préoccupantes.
D’abord, la fraude et les arnaques liées aux crypto-actifs continuent d’augmenter, qu’il s’agisse de faux projets, d’investissements frauduleux ou encore de piratages visant à voler des fonds.
L’agence observe également que les crypto-actifs sont parfois utilisés pour contourner des sanctions économiques, ce qui complique le travail des autorités.
Par ailleurs, de nouveaux acteurs spécialisés proposent désormais leurs services pour aider les criminels à blanchir leur argent grâce aux crypto-monnaies : une forme de « money-laundering as a service ».
Enfin, Europol souligne l’existence croissante de centres d’arnaques structurés à l’étranger, souvent situés dans des juridictions plus souples ou moins bien régulées.
Selon l’agence, ces tendances contribuent désormais de manière significative à l’économie criminelle mondiale et nécessitent une attention renforcée.
(Europol)
Les recommandations d’Europol
Pour freiner ces abus, Europol met en avant plusieurs priorités :
Mieux coopérer au niveau international Les criminels opèrent à l’échelle mondiale ; les États, agences et acteurs privés doivent donc travailler main dans la main.
Standardiser les enquêtes Il faut des règles communes pour analyser les blockchains, saisir des crypto-actifs et collecter des preuves numériques de façon juridiquement solide.
Former des spécialistes Les services publics (police, justice, douanes) doivent disposer de personnels formés aux technologies crypto et aux nouveaux typologies d’enquêtes.
Travailler avec le secteur privé Plateformes crypto, banques, fintechs, startups… tous doivent collaborer avec les autorités (échange d’informations, alertes, conformité) pour repérer les flux suspects.
Renforcer la régulation Des règles plus strictes et des cadres légaux adaptés doivent être appliqués pour limiter les failles exploitées par les criminels et encadrer l’écosystème crypto.
(Europol)
Pourquoi c’est important
Ces recommandations montrent que l’avenir du secteur crypto repose en grande partie sur sa capacité à renforcer la sécurité.
Une meilleure surveillance et une coopération plus étroite entre les acteurs publics et privés permettraient de réduire les abus et de protéger davantage les utilisateurs.
Pour les entreprises, cela implique de faire plus d’efforts afin de se conformer aux règles et d’éviter d’être utilisées à des fins illicites.
Pour les particuliers, ces évolutions pourraient offrir un environnement plus stable et plus fiable, dans lequel les risques sont mieux contrôlés.
L’objectif n’est pas de freiner l’innovation, mais de favoriser un développement sain du secteur, où technologie et sécurité progressent ensemble.
À retenir
Pour les débutants, il est important de comprendre que les crypto-actifs offrent de nombreuses opportunités, mais qu’ils ne sont pas sans risques.
Les criminels utilisent aujourd’hui des méthodes de plus en plus techniques pour masquer leurs activités. Face à ces pratiques, la coopération internationale, la formation des acteurs et la mise en place d’un cadre réglementaire solide sont devenues essentielles pour mieux sécuriser le secteur.
Pour les utilisateurs comme pour les investisseurs, cela signifie qu’il faut rester vigilant, choisir des plateformes fiables et transparentes, et s’informer sur les règles de conformité.
Le secteur est actuellement en pleine transition. Les acteurs sérieux cherchent désormais à respecter les normes et à collaborer avec les autorités.
Cette évolution constitue un véritable gage de confiance pour l’avenir du marché.



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