L'AVÈNEMENT DES ORDINATEURS QUANTIQUES : UNE MENACE POUR VOS BITCOINS ?
- Joshua Hepner

- 28 mai
- 5 min de lecture

Vous avez sûrement entendu parler des ordinateurs quantiques, ces machines révolutionnaires qui promettent de transformer notre monde numérique.
Mais une récente annonce des chercheurs de Google a fait l'effet d'une bombe dans le milieu des cryptomonnaies : ces ordinateurs pourraient représenter une menace bien plus imminente que prévu pour la sécurité des cryptomonnaies.
Découvrons ensemble ce que cela signifie vraiment pour votre portefeuille Bitcoin et l'avenir de la blockchain.
La nouvelle qui secoue le monde des cryptomonnaies
Une étude récente menée par Craig Gidney, chercheur chez Google Quantum AI, a révélé que les ordinateurs quantiques pourraient être 20 fois plus efficaces que prévu pour casser certains systèmes de cryptographie, notamment le RSA à 2048 bits.
Selon ses estimations, un entier RSA de 2048 bits pourrait être déchiffré en moins d'une semaine par un ordinateur quantique disposant de moins d'un million de qubits bruités, alors que les précédentes estimations parlaient d'environ 20 millions de qubits.
Cette avancée pourrait avoir des implications directes pour la sécurité des cryptomonnaies, même si Bitcoin n'utilise pas directement le RSA mais l'ECDSA (Elliptic Curve Digital Signature Algorithm), une autre forme de cryptographie qui pourrait également être vulnérable aux attaques quantiques. (CoinDesk)
Comment fonctionnent les cryptomonnaies et leur sécurité
Pour comprendre la menace, il faut d'abord comprendre comment fonctionne la sécurité des cryptomonnaies. Les monnaies numériques comme Bitcoin reposent sur des principes de cryptographie à clé publique :
Clés privées et publiques : Chaque utilisateur a deux clés. La clé publique est comme un numéro de compte, visible par tous. La clé privée est comme un mot de passe très secret, qui permet de prouver que vous êtes le propriétaire du compte.
Signatures numériques : Quand vous envoyez des bitcoins, vous "signez" la transaction avec votre clé privée. Cela prouve que c’est bien vous, sans avoir besoin de montrer cette clé à personne. La clé publique permet de vérifier cette signature.
Fonctions de hachage : Bitcoin utilise des formules mathématiques spéciales (comme SHA-256) pour sécuriser la blockchain et le travail des mineurs.
La sécurité de ce système repose sur des problèmes mathématiques extrêmement difficiles à résoudre pour les ordinateurs classiques, comme la factorisation de grands nombres premiers ou le calcul de logarithmes discrets sur des courbes elliptiques.
Pourquoi les ordinateurs quantiques sont une menace
Les ordinateurs quantiques sont très différents des ordinateurs classiques.
Ils utilisent des principes qui changent complètement la manière de faire des calculs :
Superposition quantique : Un bit classique vaut 0 ou 1. Un qubit, lui, peut être dans plusieurs états en même temps, ce qui permet de traiter beaucoup plus d’informations à la fois.
Algorithme de Shor : Cet algorithme quantique peut casser rapidement des protections basées sur de grands nombres premiers. Cela représente une menace directe pour la sécurité des cryptomonnaies.
Double menace :
L’algorithme de Shor pourrait casser les signatures cryptographiques (comme ECDSA) utilisées par les cryptomonnaies.
L’algorithme de Grover pourrait accélérer les attaques contre les fonctions de hachage, comme SHA-256.
Une découverte récente de Craig Gidney rend cette menace encore plus sérieuse : il a montré que les ordinateurs quantiques auraient besoin de beaucoup moins de ressources que prévu pour réussir ces attaques.
Voici une superbe vidéo youtube qui vous aidera a mieux comprendre : youtube
Où en sommes-nous aujourd'hui ?
Malgré cette avancée théorique significative, il est important de mettre les choses en perspective :
État actuel des ordinateurs quantiques : Les ordinateurs quantiques les plus puissants disponibles aujourd'hui sont loin d'atteindre les capacités requises pour ces attaques. Le Condor d'IBM, considéré comme le plus puissant, atteint seulement 1 121 qubits, tandis que le Sycamore de Google fonctionne avec 53 qubits.
Projection future : IBM prévoit de développer un ordinateur quantique de 100 000 qubits d'ici 2033, en partenariat avec l'Université de Tokyo et l'Université de Chicago. Mais nous sommes encore loin du million de qubits mentionné par Gidney.
Différence entre théorie et pratique : Il existe un écart substantiel entre les avancées théoriques et la construction d'ordinateurs quantiques stables et fonctionnels à grande échelle.
Solutions envisagées pour protéger les cryptomonnaies
Face à cette menace, plusieurs solutions sont activement développées :
Cryptographie post-quantique : De nouvelles formes de cryptographie résistantes aux attaques quantiques sont en développement. Le NIST (Institut National des Standards et de la Technologie américain) a déjà sélectionné plusieurs algorithmes prometteurs.
Migration des adresses : Une proposition récente appelée "Quantum-Resistant Address Migration Protocol" suggère de migrer les fonds des anciennes adresses vulnérables vers de nouvelles adresses résistantes aux ordinateurs quantiques via une hard fork du Bitcoin.
Délais de migration : Cette proposition inclurait une date limite après laquelle les transactions provenant d'anciennes adresses deviendraient invalides, forçant ainsi les utilisateurs à migrer leurs fonds.
Blockchains nativement résistantes : Certaines cryptomonnaies comme Quantum Resistant Ledger (QRL) ont été conçues dès le départ pour résister aux attaques quantiques.
Les défis à surmonter
La transition vers un Bitcoin résistant aux ordinateurs quantiques n'est pas sans défis :
Consensus communautaire : Toute modification majeure du protocole Bitcoin nécessite un large consensus, ce qui est notoirement difficile à obtenir.
Fonds dormants : Une partie significative des bitcoins (estimée à environ un tiers du total) est stockée dans d'anciennes adresses, y compris le million de bitcoins supposément détenus par Satoshi Nakamoto. Ces fonds pourraient devenir inaccessibles ou vulnérables.
Contraintes techniques : Avec environ 170 millions d'UTXOs (Unspent Transaction Outputs) dans le réseau Bitcoin, la migration vers de nouvelles adresses poserait d'importants défis de congestion du réseau.
Équilibre sécurité/accessibilité : Il faut trouver un équilibre entre sécuriser le réseau et permettre aux utilisateurs d'accéder à leurs fonds.
Conclusion : Une course contre la montre technologique
La révélation de Google sur la possibilité de casser plus facilement les systèmes de cryptographie avec des ordinateurs quantiques représente un avertissement important pour l'écosystème des cryptomonnaies.
Cependant, il s'agit plus d'une course technologique que d'une menace immédiate.
D'un côté, nous avons le développement des ordinateurs quantiques qui progresse, bien qu'à un rythme difficile à prédire avec précision.
De l'autre, la communauté cryptographique travaille activement à développer et déployer des solutions résistantes à ces futures menaces.
Ce qui est certain, c'est que l'écosystème Bitcoin et des cryptomonnaies devra s'adapter pour survivre à l'ère quantique. La bonne nouvelle est que cette adaptation est déjà en cours, avec des propositions concrètes et des recherches actives. La question n'est plus de savoir si Bitcoin pourra résister aux ordinateurs quantiques, mais plutôt comment et quand cette transition se produira.
Pour l'utilisateur moyen, il n'y a pas lieu de paniquer immédiatement, mais il est prudent de rester informé et de suivre les développements dans ce domaine fascinant où la technologie de pointe rencontre les systèmes financiers du futur.



Commentaires